Présentation

 

 

LE TERME

 Penchak Silat (s'écrit officiellement Pencak Silat, le "c" se prononçant "ch"),  est le terme générique officiel qui définit l'ensemble des arts martiaux indonésiens et malais. Penchak est utilisé à Java, Madura, Bali, et fait référence à la notion d’ « art » dans le sens de « mouvements du corps ». Silat est utilisé dans le reste de l’Indonésie et Malaisie, dont la signification est « combat ». Les deux termes ont en réalité la même signification globale. Ainsi, on pratique le Penchak comme on pratique le Silat : il s’agit de la même chose. La combinaison de Pencak (Penchak) et Silat a été faite pour la première fois lors de la création de la Fédération Indonésienne de Pencak Silat (IPSI) en 1948.

 LES ORIGINES (d’après le rapport d’une recherche personnelle, et en aucun cas la vérité absolue…à méditer)

 Le Penchak Silat a toujours été une tradition orale. Il n’existe aucun document officiel pour affirmer avec certitude de sa véritable origine. Voici son histoire à travers 10 phases fondamentales.

 1.      Au commencement : l’homme doit lutter contre la nature hostile, les animaux sauvages et les hommes de divers clans. C’est la période de l’observation des animaux pour reproduire les mouvements. Il n’y a aucune organisation technique et spirituelle, tout est pur, primitif, les mouvements sont presque naturels et instinctifs. On situe cette phase dans la période de la Préhistoire, en Indonésie.

 2.      Les Clans : l’Indonésie est un archipel regroupant plus de 13.500 îles. A une période située vers la fin de la préhistoire, des clans ont commencé à constituer leur propre « style », en fonction de la situation géographique, du climat, des animaux observés, de la rencontre avec d’autres clans à l’occasion de chasse et dispute de terre.

 3.      Les échanges : au contact d’autres cultures, des influences viennent enrichir le système de combat local (clan, village). Ces influences venues de l’Inde, de Chine, de Thaïlande, d’îles voisines, développent l’aspect combat de plus en plus constant entre les communautés de telle ou telle région. Là, se pose la question des premiers fondements du Penchak Silat. Un style local originaire de l’île de Java Centre s’est développé en se basant sur le concept Hindouiste (Ramayana). Un autre s’est développé en royaume  Minangkabau (Île de Sumatra) sous le nom de Silek. Un style également originaire de Java s’est aussi développé, sur des influences Bouddhistes. C’est surtout à cette période que le système de combat se développe combinant technique, culture, spiritualité. Mais toujours aucune preuve pour définir où exactement le Penchak Silat prend sa forme initiale, en tant que système de combat, entre le V et XI siècle après J.C.

 4.      Le royaume de Majapahit : on peut affirmer que c’est à cette période, entre le XIII et XVI siècle que le Penchak Silat est devenue une forme de combat réfléchie, et qui se propagera par la suite dans toute l’Indonésie et la Malaisie. A l’époque de ce royaume, le système de combat « Penchak Silat » était un outil indispensable au roi et son armée. En effet, le Penchak Silat était enseigné aux guerriers et hauts dignitaires du royaume, pour former par la suite les sujets envoyés dans différentes régions. Elevée à un haut niveau, la pratique était réservée à une élite, notamment des moines et guerriers. Les moines enseignaient la religion à travers le Penchak Silat, et les guerriers étudiaient l’aspect martial. La partie artistique, combinant danse et spiritualité, était développée au sein du peuple.

 5.      Développement spirituel : dès le XIII siècle, l’Islam pénètre l’Indonésie par l’île de Sumatra. L’influence spirituelle provenant de l’Islam apporté par des marchands Persans, Arabes, Indiens, va se propager au point de transformer graduellement la pratique du Penchak Silat. De plus en plus, la pratique accentue l’aspect divinité, recherche intérieure et développement personnel. L’Islam apporté est surtout interprété par les Indonésiens comme pratique mystique. Petit à petit, l’enseignement ancien Hindouiste et Bouddhiste est remplacé par l’Islam, et la pratique du Penchak Silat devient une pratique d’éducation religieuse. Il faut comprendre que l’Islam Indonésien est un Islam qui combine éducation religieuse, force spirituelle et éléments traditionnels issues des pratiques Hindouiste et Bouddhiste. C’est ainsi que le Penchak Silat va se développer et gagner toutes les couches sociales du peuple.

 6.      Techniques et spiritualité : un nouveau Penchak Silat est donc apparut. Les techniques sont d’inspiration animale, l’utilisation de l’hypnose (sous forme de transe) est très pratiquée pour réveiller « l’esprit » de l’animal, la philosophie est combinée au mysticisme de l’Islam, et l’aspect « divinité » est fortement accentué (tout est en rapport avec les forces de la nature et dieu, dans cette optique globale). Certaines écoles de Penchak Silat restent cependant très fidèles aux formes anciennes, plus axées sur l’aspect martial. C’est l’époque des créations des styles, avec leurs différences et leur trame commune.

 7.      Les Hollandais : vers 1598, les Hollandais débarquent en Indonésie. Ce fut, dans les écoles de Silat, le développement des cérémonies d’introduction (famille, et hors famille). Ce fut aussi une époque de corruption, mise en place par les Hollandais pour contrôler certains maitres de Pencak Silat.: argent, pouvoir, instauration du Kun Tao (Kung Fu Chinois) pour lutter contre le Pencak Silat. La rencontre du Kun Tao avec le Pencak Silat va donner naissance à de nouvelles formes techniques, ce qui va enrichir l’arsenal technique de l’art, contrairement à ce qui était prévu par les Hollandais. Puis progressivement, la pratique du Pencak Silat sera contrôlée, voire interdite par les autorités Hollandaises, ce qui va pousser le peuple à pratiquer en secret, et à présenter sous forme de danse, la pratique de leur art. Ainsi, pratiqué comme une danse, le Pencak Silat ne semblait plus dangereux pour les Hollandais.

 8.      L’Indépendance : la lutte pour l’indépendance, au début du XXème siècle, va mobiliser beaucoup d’écoles de Pencak Silat. L’organisation des écoles va se structurer, avec une forte idée directrice : la libération du pays. Les hollandais vont réagir face à ces menaces, et interdire plus strictement la pratique du Pencak Silat. C’est pendant cette période que le mode d’entraînement « public » fut axé sur l’aspect artistique, mettant dans l’ombre l’aspect martial. Le Pencak Silat était donc assimilé à de la danse, donc non dangereux. Ce fut aussi l’époque des groupes rebelles, commandos secrets, groupes paramilitaires, composés principalement de pratiquants de Pencak Silat. Beaucoup d’écoles de Pencak Silat moderne se créèrent à cette période. Pour quelques écoles, la pratique martiale fut pratiquement perdue ou dénaturée, axant essentiellement l’étude sur l’aspect artistique. Pour d’autres encore, ce fut le contraire, la pratique martiale fut développée, retrouvée, à un haut niveau…qui avait longtemps était laissé de coté. Ces écoles là pratiquaient dans le plus grand secret, à l’abri des regards indiscrets étant donné l’interdiction imposée par les autorités Hollandaises.

 9.      Standardisation du Pencak Silat : après 1942, l’interdiction de toute activité culturelle fut imposée par le Japon qui prit le contrôle de l’Indonésie. Là, la pratique du Pencak Silat fut totalement secrète. Paradoxalement, le Pencak Silat, dans certaines régions de l’Indonésie, surtout à Java, intéressa les Japonais, qui eurent des échanges avec les maîtres Indonésiens. Les autorités Japonaises eurent même une idée incroyable : militariser la pratique du Pencak Silat dans l’intérêt du Japon, et créer une forme de synthèse standardisée de différentes écoles de Pencak Silat. C’est sur cette idée de standardisation que se développera plus tard le Pencak Silat, afin de faciliter l’apprentissage.

 10.  Pencak Silat traditionnel et moderne : la fin de la guerre mondiale, le retrait des Japonais et des Hollandais, permit à l’Indonésie de gagner son indépendance. Reprenant l’idée des Japonais, le nouveau gouvernement Indonésien désira donner un nouveau sens à la pratique du Pencak Silat (un sens en vérité pas si nouveau que ça…), l’éducation. L’aspect martial, comme sur le modèle des arts martiaux Japonais, devait être relégué au deuxième plan, donnant priorité à l’éducation et l’épanouissement personnel. Au début, toutes les écoles de Pencak Silat ne furent pas d’accord avec ce projet, puis, avec la création d’une organisation nationale, l’IPSI, les écoles adhérèrent de plus en plus, et l’idée d’un nouveau Pencak Silat se concrétisa finalement. Ce nouveau style de Pencak Silat serait national, et vécu comme une identification par le peuple. Les méthodes d’entraînement se développèrent, sur le modèle occidental, avec l’introduction de l’aspect sportif. Certaines écoles décidèrent de ne rien changer à leur pratique, et de rester fidèle à leur origine. Cela fut accepté par l’IPSI, puis plus tard, par la PERSILAT, organisation mondiale du Pencak Silat.
le Pencak Silat est donc un art martial originaire de l’Indonésie et de la Malaisie ayant subit de multiples influences techniques et culturelles. Aujourd’hui, on trouve donc un nombre important d’écoles de Pencak Silat, certaines traditionnelles, d’autres modernes. Toutes les tendances sont représentées : aspect tradtionnel, aspect martial, aspect artistique, aspect sportif, aspect Self-défense.  

 

QUELQUES TERMES SPECIFIQUES AU PENCAK SILAT (PENCHAK SILAT)

ALIRAN : Aliran signifie « école », ou « style », comprenant tous les aspects du Pencak Silat.

BAPAK : Bapak signifie « le père » socialement et culturellement. C’est ainsi que l’on nomme un grand expert de Pencak Silat, pour son honorabilité et son âge, sa position et son rôle.

IBU : Ibu signifie « la mère », et sa définition est la même que « Bapak », mais adaptée à la femme.

GURU : Guru signifie « professeur » ou « maître ». C’est le terme pour désigner les professeurs et experts de Pencak Silat.

PENDEKAR : Pendekar est un terme originaire de Minangkabau. Ce terme signifie « chef », « grand maître ». Le fondateur d’une école est appelé ainsi.

PELATIH : Pelatih signifie « instructeur ». Ce terme est moderne, utilisé principalement pour désigner celui qui dirige le cours.

PESILAT : Pesilat signifie « étudiant ». Il s’agit donc de l’élève qui étudie le Pencak Silat.

SAUDARA : Saudara signifie « frère » et « sœur ». C’est le terme traditionnel pour désigner les pratiquants de Pencak Silat entre eux, dans l’optique de « famille ».

ILMU BATIN : Ilmu fait référence à la science, spiritualité et également magie. Il s’agit d’un terme pour désigner l’aspect mystique et spirituel du Pencak Silat.

JURU : Juru signifie « enchaînement technique », et fait référence à la trame technique d’une école. Il s’agit donc de l’équivalent d’un kata (forme) des arts martiaux Japonais. Juru peut être aussi interprété comme « combinaison technique ». C’est ainsi que nous le définissons dans notre école.

LANKA (LANGKHA) : Lanka fait référence aux exercices de déplacements. Dans notre école, nous donnons au mot « lanka » le sens de forme (kata).

PADEPOKAN : Padepokan fait référence au lieu ou l’on étudie le Pencak Silat.

 

LE PENCHAK SILAT : UNE IDENTITE, 3 PRINCIPES, 5 ASPECTS

Le Penchak Silat (Pencak Silat) possède une identité propre qui est celle de la culture des régions de Nusantara (zone  géographique ancienne comprenant diverses régions, dont l’Indonésie, la Malaisie,). C’est sur cette identité que sont développés les dimensions spirituelle, technique et physique. Pour comprendre cette identité, il y a deux solutions. Soit comprendre et étudier en profondeur la tradition et la culture Indonésienne ou Malaisienne, soit interpréter et analyser les éléments de cette culture pour l’adapter à notre propre culture. Personnellement, nous nous appuyons sur la deuxième solution.
Le Penchak Silat comprend 3 grands principes : stabilité (terre, force, tradition), adaptation (eau/air, souplesse, évolution), sincérité (homme, cœur, qualités).
Le Penchak Silat comprend 5 aspects : mental/spirituel (Ilmu Batin), Self-défense ( Bela Diri), artistique (Seni), santé spirituelle, énergétique et physique (Tenaga Dalam) et  loisir/jeu (Olah Raga).

Notre style de Penchak Silat

        Notre style de Penchak Silat (Pencak Silat) se nomme SETIA HATI TERATE. Ce style a donné naissance à plusieurs courants. Le courant que nous représentons est celui de Franck Ropers, qui a restructuré sa pratique à partir des enseignements du grand Maître Hardjono Turpijn, de Charles Joussot, et de son vécu et expérience « martiale » personnelle. On peut donc définir le SETIA HATI TERATE de notre Académie comme un style moderne de Penchak Silat, très orienté self-défense tout en conservant un enseignement traditionnel de qualité. Dans notre enseignement, nous respectons les 4 composantes du Penchak Silat : l’art (artistique), le sport (loisir/jeu), la santé (énergie/spiritualité) et la Self-défense (efficacité).

SETIA HATI = Cœur sincère               TERATE = Lotus

tia Hati évoque "le cœur fidèle", référence à la fidélité et la sincérité, dans l’optique d’une recherche de l’authenticité. Tératé est le nom d'une fleur de Lys aquatique indonésienne, symbole de tranquillité sereine et de beauté, qui peut néanmoins se montrer tout à coup vénéneuse
Synthèse originale de différents courants du Penchak Silat et d’éléments modernes, le Setia Hati Terate est une
méthode fondée sur l'intégration de l'énergie et de l'action. Développée en plus de 30 ans d'études et de recherches menées par Franck Ropers, la méthode fait sien le concept profondément ancré dans la culture orientale selon lequel corps et esprit forment une unité indissoluble.

Les racines de notre style

La spécificité du Setia Hati Terate (version Franck Ropers) est d'être une synthèse originale très riche et complète.

  • Le Pencak Silat de Java et plus précisément les écoles Persaudaraan Setia Hati, Persaudaraan Setia Hati Terate et Persaudaraan Setia Hati Madiun forment ses racines traditionnelles profondes. Le Persaudarran Setia Hati Madiun de Maître Hardjono Turpijn reste la référence traditionnelle de notre style est constitue véritablement la base technique de notre style.·
  • Le Penchak Silat  a donné naissance au travail spécifique de Self-Défense propre à notre style de Penchak Silat. Cette forme de travail a été reprise, personnalisée par Franck Ropers, qui a ensuite créé sa propre forme de Self-Défense.
  • Le Tenaga Dalam, est le terme pour désigner les exercices respiratoires et énergétiques. Ce travail fait aussi partie de la structure technique de base et peut être pratiqué dans une optique de santé ou comme  outil pour donner une plus grande efficacité aux techniques de combat.
  • Le Seni, est le terme pour designer l’aspect artistique de la pratique. Il s’agit d’un concept de travail axé sur la fluidité, créativité et harmonie des mouvements. Ce qui est important dans cette forme de travail est l'intériorisation du mouvement et non pas la répétition mécanique du geste. On privilégie la sensibilité pour harmoniser le corps et l’esprit. 
  • La Boxe Pieds/Poings et le Grappling, sont pour nous un support technique permettant de mettre en place des éducatifs propre au travail des percussions et au travail au sol.
  • La Self-Défense, est un terme générique regroupant diverses formes et éducatifs de travail, aussi bien techniques, physiques que psychologiques et théoriques.